"J'inclinerais, [...], à penser on naît pédophile"
Par jeanseb le jeudi, avril 12 2007, 12:07 - Blog Citoyen - Lien permanent
Nicolas Sarkozy nous a livré une nouvelle petite perle dans un entretien avec le philosophe Michel Onfray pour Philosophie Magazine.
Je ne suis pas d'accord avec vous. J'inclinerais, pour ma part, à penser qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a 1 200 ou 1 300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d'autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l'inné est immense.
A sa naissance, l'être vivant résulte de l'expression de ces gènes. Gênes qui lui ont été transmis par ses parents et ce de façon aléatoire. Le gène est le support de l'hérédité, ce dont on hérite.
Prenons un exemple pour bien comprendre: Le diabète. Il se transmet de génération en génération. Si vos grands parents l'avaient et si vos parents l'ont, alors il est très probable que vous deviez surveiller votre cholestérol.
Revenons à la pédophilie ou au suicide. Si cela était d'origine génétique alors les parents, les grands-parents devraient présenter les mêmes troubles ce qui n'est pas le cas. On ne nait pas pédophile, et c'est encore moins une maladie. Par contre on peut le devenir. Je vais citer le président du comité d'éthique de l'Inserm et membre du Comité consultatif national d'éthique: Jean-Claude Ameisen pour appuyer le propos:
Tous les progrès actuels dans la connaissance des relations entre l'inné et l'acquis, la nature et la culture, montrent qu'il y a des interactions réciproques et continues entre les gènes et l'environnement, et que ce sont ces interactions qui participent à la construction progressive d'un enfant et d'une personne. Et le premier environnement dans les collectivités humaines, ce sont les autres!
Les gènes font ce que l'on est, l'environnement ce que l'on devient. La pédophilie, le suicide des jeunes s'expliquent par une influence environnementale forte. Un enfant qui a subit des actes sexuels contraints durant son enfance reproduira surement ces actes plus tard si une psychothérapie n'est pas effectué. Quand au suicide, il relève de troubles graves d'origine multiples et cumulé: facteurs biologiques, sociaux, personnels. Cela ne relève pas des gênes. Et peut se traiter par un travail sur l'individu.
Doit on pour autant ne pas en parler ? Oui je le pense, cela n'a pas sa place dans un débat présidentiel, le destin relève d'une approche déterministe du monde souvent incarné par les religions. Rappelons que la France est un pays laïque!